Projet de territoire en partenariat avec le réseau des Bibliothèques de Pantin (93), collaboration avec Marcia Burnier, autrice.
«Et si on partageait nos yeux et nos histoires? Les habitant.es et les trois bibliothèques de Pantin se sont lancé.es dans l’aventure, aux côtés de la photographe plasticienne Valérie Frossard et de l’autrice Marcia Burnier. Le projet Journal Extime Pantin est une fenêtre ouverte sur un intime kaléidoscopique et son potentiel d’histoires, une exploration de la ville et du quotidien, mais c’est aussi se raconter tout en racontant l’autre. Pendant trois mois, une trentaine de personnes ont arpenté le territoire, regardé «leur Pantin» avec une attention particulière et tendu l’oreille aux récits qui pourraient émerger. Les photographies et les textes présentés ici sont le résultat de cette odyssée citadine partagée.»
Fonctionnant selon un mode opératoire proche de celui de mon projet Journal Extime, des habitant.e.s de Pantin ont documenté leur ville avec des appareils photo argentiques jetables. Dans un deuxième temps nous avons fait circuler une sélection de ces images pour qu’elles soient réinvesties par d’autres habitant.e.s lors d’ateliers d’écriture.
Je passais sous ce pont quand je la vis, seule. Elle avait l’air d’être passée sous une tempête après s’être fait battre, car son visage était sale et son bras couvert de bleus. Mais elle ne pleurait pas, ne se plaignait pas, comme si une présence à côté d’elle attendait qu’elle flanche pour la dévorer.
Encore une fois je dois aider les enfants à traverser, ce n’est pas comme si j’avais le choix. Encore une fois, je suis persuadée que les passants m’observent du coin de l’œil mais je déteste être observée seulement personne ne prête attention à mon opinion. Je ne suis qu’une vulgaire sculpture, des dizaines trouvables à Pantin.
Certains osent même me toucher, me frapper, ils pensent que ça ne me fait rien mais je souffre et pleure intérieurement mes deux mains dans les poches sans pouvoir les retirer.
Etant bétonnée au sol, je n’ai jamais vu d’autre paysage que celui de l’école. Il fait froid la nuit et je ne change jamais de vêtements alors que je veux me faire belle. Certaines fois, la nuit, des gens me mettent du maquillage.
Je ne vieillis jamais, je resterai ici plantée au sol à voir les voitures passer et voir défiler les quatre saisons de l’année.
Zoé
Faux semblants
Mes rêves sont faits d’images inversées.
Je porte un masque, celui des convenances, de la politesse, de la discrétion. Sans dessus dessous, la vérité glisse.
Une étincelle de moi dans le regard des autres.
Une étincelle de vie enfouie sous les décombres.
Un coup de vent et le miroir se brise, l’eau se vide, le cœur se serre et espère.
Mes rêves sont faits d’images inversées.
À la poursuite de la lumière, je flotte dans les limbes.
Un jour j’habiterai mon reflet.
Un jour, je serai entière.
Cher ex bâtiment abandonné,
Je me souviens de toi comme si c’était hier.
Durant mon enfance, tu nous as accueillis chez toi afin que nous puissions jouer à cache-cache dans tes multiples pièces, sombres et délabrées, tu nous a permis de nous y loger quand nous avions besoin de nous isoler et de contempler le canal avec le coucher de soleil. En retour nous avons essayé de te décorer, habiller avec des jolis tags colorés en attendant qu’une nouvelle famille puisse t’adopter et réaliser l’importance et l’utilité que tu peux avoir.
Aujourd’hui, tu t’appelles BETC et tu abrites les Magasins Généraux.
Avant, tu repoussais le monde et maintenant tu l’attires. Tu as tout ce que tu mérites.
Merci à toi
Voyage Extrime
Quand le barboteur revient, je pense au printemps qui revient également. Le long du canal, j’aime glaner, à pied ou en vélo, regarder les gens, souriants, contents que les beaux jours reviennent, enfin...
Le bateau me fait penser aux différents voyages que j’ai effectués. Particulièrement le bateau que je prenais enfant à Marseille avec toute ma famille, pour l’Algérie.
J’ai toujours aimé me baigner, barboter dans l’eau. Ce n’est malheureusement pas possible sur le canal. Peut-être pendant les J.O.? J’aimais courir ou marcher avec mon chien Ulysse, le long du canal. Rencontrer d’autres personnes «à chiens», bavarder un instant sur la couleur, la race, l’âge de celui-ci... Malgré la perte de mon chien, je vais toujours courir ou marcher le long du canal, avec une pointe de nostalgie.
Mystère sur le pigeon décapité de Pantin.
Comment j’en suis arrivé là?
Commençons par le début je me présente, je m’appelle Henri, et oui, je n’ai pas choisi mon prénom.
Certains passants se sont bien occupés de moi, ils m’ont nourri, m’ont laissé faire mon nid en haut de leur immeuble, quand d‘autres n’ont pas toujours été accueillants car ils me chassaient, eh oui je faisais mes besoins sur leurs fenêtres, leurs voitures, enfin partout, et même parfois je visais les gens, ce qui me faisait pleins d’ennemis.
Ma vie était plutôt tranquille dans l’ensemble.
Et puis un jour d’avril, je cherchais à manger car j’avais faim.
Et là, PAF!!!! Ma tête s’est retrouvée à côté de mon corps.
Pourquoi? Comment? Nous ne le saurons peut-être jamais.
La nuit dans la Bibliothèque!
Un vieux rêve, seule dans la Bibliothèque avec des livres que je n’ai pas choisis.
Comment sont-ils classés? Peu importe, je les feuillette, et quelques personnages m’interpellent, inconnus ou pas. J’ai envie de les interchanger, de créer des rencontres improbables, des poètes et des criminels de bons vieux polars, des femmes discrètes du siècle passé s’embarquant seules pour des voyages lointains.
Je rêve de dialogues entre auteurs aux idées opposées, de siècles différents, j’imagine des pages manquantes, des héros insatisfaits de leur histoire, qui rêvent d’autres aventures, qui n’acceptent pas la fin imposée.
Nuit un peu cacophonique avec toutes ces voix originales, tendres, en colère.
Mais quel plaisir!
Projet de territoire en partenariat avec le réseau des Bibliothèques de Pantin (93), collaboration avec Marcia Burnier, autrice.
«Et si on partageait nos yeux et nos histoires? Les habitant.es et les trois bibliothèques de Pantin se sont lancé.es dans l’aventure, aux côtés de la photographe plasticienne Valérie Frossard et de l’autrice Marcia Burnier. Le projet Journal Extime Pantin est une fenêtre ouverte sur un intime kaléidoscopique et son potentiel d’histoires, une exploration de la ville et du quotidien, mais c’est aussi se raconter tout en racontant l’autre. Pendant trois mois, une trentaine de personnes ont arpenté le territoire, regardé «leur Pantin» avec une attention particulière et tendu l’oreille aux récits qui pourraient émerger. Les photographies et les textes présentés ici sont le résultat de cette odyssée citadine partagée.»
Fonctionnant selon un mode opératoire proche de celui de mon projet Journal Extime, des habitant.e.s de Pantin ont documenté leur ville avec des appareils photo argentiques jetables. Dans un deuxième temps nous avons fait circuler une sélection de ces images pour qu’elles soient réinvesties par d’autres habitant.e.s lors d’ateliers d’écriture.
Je passais sous ce pont quand je la vis, seule. Elle avait l’air d’être passée sous une tempête après s’être fait battre, car son visage était sale et son bras couvert de bleus. Mais elle ne pleurait pas, ne se plaignait pas, comme si une présence à côté d’elle attendait qu’elle flanche pour la dévorer.
Encore une fois je dois aider les enfants à traverser, ce n’est pas comme si j’avais le choix. Encore une fois, je suis persuadée que les passants m’observent du coin de l’œil mais je déteste être observée seulement personne ne prête attention à mon opinion. Je ne suis qu’une vulgaire sculpture, des dizaines trouvables à Pantin.
Certains osent même me toucher, me frapper, ils pensent que ça ne me fait rien mais je souffre et pleure intérieurement mes deux mains dans les poches sans pouvoir les retirer.
Etant bétonnée au sol, je n’ai jamais vu d’autre paysage que celui de l’école. Il fait froid la nuit et je ne change jamais de vêtements alors que je veux me faire belle. Certaines fois, la nuit, des gens me mettent du maquillage.
Je ne vieillis jamais, je resterai ici plantée au sol à voir les voitures passer et voir défiler les quatre saisons de l’année.
Zoé
Faux semblants
Mes rêves sont faits d’images inversées.
Je porte un masque, celui des convenances, de la politesse, de la discrétion. Sans dessus dessous, la vérité glisse.
Une étincelle de moi dans le regard des autres.
Une étincelle de vie enfouie sous les décombres.
Un coup de vent et le miroir se brise, l’eau se vide, le cœur se serre et espère.
Mes rêves sont faits d’images inversées.
À la poursuite de la lumière, je flotte dans les limbes.
Un jour j’habiterai mon reflet.
Un jour, je serai entière.
Cher ex bâtiment abandonné,
Je me souviens de toi comme si c’était hier.
Durant mon enfance, tu nous as accueillis chez toi afin que nous puissions jouer à cache-cache dans tes multiples pièces, sombres et délabrées, tu nous a permis de nous y loger quand nous avions besoin de nous isoler et de contempler le canal avec le coucher de soleil. En retour nous avons essayé de te décorer, habiller avec des jolis tags colorés en attendant qu’une nouvelle famille puisse t’adopter et réaliser l’importance et l’utilité que tu peux avoir.
Aujourd’hui, tu t’appelles BETC et tu abrites les Magasins Généraux.
Avant, tu repoussais le monde et maintenant tu l’attires. Tu as tout ce que tu mérites.
Merci à toi
Voyage Extrime
Quand le barboteur revient, je pense au printemps qui revient également. Le long du canal, j’aime glaner, à pied ou en vélo, regarder les gens, souriants, contents que les beaux jours reviennent, enfin...
Le bateau me fait penser aux différents voyages que j’ai effectués. Particulièrement le bateau que je prenais enfant à Marseille avec toute ma famille, pour l’Algérie.
J’ai toujours aimé me baigner, barboter dans l’eau. Ce n’est malheureusement pas possible sur le canal. Peut-être pendant les J.O.? J’aimais courir ou marcher avec mon chien Ulysse, le long du canal. Rencontrer d’autres personnes «à chiens», bavarder un instant sur la couleur, la race, l’âge de celui-ci... Malgré la perte de mon chien, je vais toujours courir ou marcher le long du canal, avec une pointe de nostalgie.
Mystère sur le pigeon décapité de Pantin.
Comment j’en suis arrivé là?
Commençons par le début je me présente, je m’appelle Henri, et oui, je n’ai pas choisi mon prénom.
Certains passants se sont bien occupés de moi, ils m’ont nourri, m’ont laissé faire mon nid en haut de leur immeuble, quand d‘autres n’ont pas toujours été accueillants car ils me chassaient, eh oui je faisais mes besoins sur leurs fenêtres, leurs voitures, enfin partout, et même parfois je visais les gens, ce qui me faisait pleins d’ennemis.
Ma vie était plutôt tranquille dans l’ensemble.
Et puis un jour d’avril, je cherchais à manger car j’avais faim.
Et là, PAF!!!! Ma tête s’est retrouvée à côté de mon corps.
Pourquoi? Comment? Nous ne le saurons peut-être jamais.
La nuit dans la Bibliothèque!
Un vieux rêve, seule dans la Bibliothèque avec des livres que je n’ai pas choisis.
Comment sont-ils classés? Peu importe, je les feuillette, et quelques personnages m’interpellent, inconnus ou pas. J’ai envie de les interchanger, de créer des rencontres improbables, des poètes et des criminels de bons vieux polars, des femmes discrètes du siècle passé s’embarquant seules pour des voyages lointains.
Je rêve de dialogues entre auteurs aux idées opposées, de siècles différents, j’imagine des pages manquantes, des héros insatisfaits de leur histoire, qui rêvent d’autres aventures, qui n’acceptent pas la fin imposée.
Nuit un peu cacophonique avec toutes ces voix originales, tendres, en colère.
Mais quel plaisir!